Les cauchemars la hantaient. Les nuits devenaient longues, voir interminables. Tout ces réveils en sursauts, ces insomnies. Elle les revoit, malades, souffrants. Et elle reste là, ne sachant pas quoi faire, ne pouvant rien faire.

Ce fut la troisième fois qu'elle se réveillait cette nuit. A plusieurs reprises déjà, ses camarades de chambres lui avaient demandé de cesser de bouger, de tourner en rond. Alors, cette fois-ci, Perle Argentée se leva définitivement. Il faisait encore noir, mais dans tout les cas, la demoiselle n'avait plus sommeil. En vérité, s'endormir était, ces temps-ci, plus fatiguant que rester éveillé.
La belle sortit délicatement de la tanière, essayant de ne point faire de bruit. Une fois dehors, la fraîcheur la frappa au visage, comme une bouffée d'air, un bol d'oxygène, une douche froide, qui lui permit de sortir de cet état secondaire. Elle prit une grande inspiration, et sentit ces odeurs familières qu'elle appréciait tant. Voyant les autres endormis, elle se décida de partir chasser, bien que les réserves ne manquaient pas. Mais, chasser était l'un de ses plus grands divertissements, et, à cette heure, il était bien plus facile d'obtenir quelque chose.

Convaincu que c'était donc la chose à faire, elle se hâta vers la sortit, sauta deux trois arbres sans faire un seul bruit, pour poser ses pattes sur un sol craquant de feuilles mortes. L'automne était bien là. Une saison magnifique, certes, mais ces stupides feuilles provoquaient un bruit insupportable, particulièrement pour la chasse aux lapins. Perle Argentée avança, mesurant ses pas pour éviter un maximum de bruit, bien qu'elle ne soit pas discrète pour autant. A une dizaine de mètres du camp, elle commença à faire bien plus attention au bruit qu'elle faisait, et mit son flair en alerte. A cette heure-ci, les animaux étaient tranquillement dans le tanière, en train de dormir. Certains animaux, comme les lapins, étaient impossibles à attraper, car leurs terriers sont, tout simplement trop profonds. Mais les oiseaux cachés dans les trous d'arbres ou les mulots, sous les racines, étaient des proies plutôt faciles. Elle s'amusa donc, un petit moment, à chasser, trouver, tuer et enterrer ses proies. Au bout de trois mulots et un petit oiseau, elle se fut satisfaite, et décida de rentrer. Le jour commençait à se lever, mais Perle doutait que les chats seraient réveiller. Rien d'alertant ne devait être fait, si ce n'est la protection du territoire, qui pouvait attendre le lever du jour.

Pourtant, arrivant au camp, Perle vit un chat au milieu de la place. Une jolie femelle, qui n'avait rien à faire ici. Au début, elle pensa déposer la nourriture avant de rejoindre l'inconnu, mais finalement, elle décida d'aller directement lui parler. Plus elle s'avançait, et plus son ventre se serrait. Il y avait quelque chose qui ne passait pas. Quelque chose qui... Danse Macabre. Pas besoin de la connaitre pour savoir son nom. Elle avait, comment dire.. Une réputation assez peu flatteuse. Bien souvent les reines parlaient d'elle aux chatons, pour éviter qu'ils ne s'aventurent trop loin.
Perle n'avait jamais vraiment écouté ces histoires. Pas des deux oreilles en tout cas. Non, elle se faisait des idées des gens, en les rencontrant. Une part d'elle croit que toute personne a des bons et des mauvais côtés.

Arrivée devant l'inconnue, elle déposa le festin, et s'assit à côté, gardant une patte sur les proies. Son corps était droit, et ses muscles contractés, et cas d'éventuelle bataille. Pourtant, elle parla d'un ton calme et posé, comme si, tout cela n'avait été qu'un simple malentendu.

-J'imagine que tu es au courant, Danse Macabre, que mettre tes pattes ici -toi, venant du clan de l'Ombre, c'est bien çà?- est une enfreinte au code des guerriers. A moins bien sûr, que tu ais une sérieuse raison d'être ici ?

Douce, mais loin d'être amicale, la belle restait sur ses gardes. Bien sûr, elle ne croyait ni aux légendes, ni aux réputations. Mais, Perle n'était pas naïve, et voulait éviter tout désagrément.